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Publié le 12 octobre 2022
Du troc de silex dans le Néolithique à l’achat d’un bien ou d’un service en paiement dématérialisé au 21e siècle, la civilisation est née et s’est développée avec le commerce. Les Nations lui doivent une grande partie de leurs richesses, et les démocraties une partie de leur fondement.

Il faut bien le dire, il semble exister en France, au moins dans une frange de la classe politique, une méconnaissance atavique du commerce qui confine parfois purement et simplement à une forme de mépris. Après tout, durant des siècles, la noblesse aux commandes de l’État ne voyait-elle pas dans le travail et l’activité commerciale le repoussoir aux vertus d’oisiveté, de désintérêt et d’honnêteté prétendument caractéristiques du gentilhomme ? Pour un peu, on en viendrait même à se demander si la Révolution française a bien eu lieu !

Alors, bien sûr, on a pu apprécier ces dernières années des gestes forts pour soutenir le commerce, que ceux-ci aient été de nature législative (loi PACTE), économique (fiscalité de crises) ou institutionnelle avec le retour d’un ministère du Commerce et des PME à Bercy, attribué qui plus est à une personnalité de tempérament affirmé et dynamique. Il est donc d’autant plus regrettable que dans une période où les acteurs du commerce ont plus que jamais besoin d’être soutenus, le projet de loi de finances 2023 n’y consacre que très peu de moyens. Il y aurait pourtant eu matière à agir : I) supprimer la fiscalité foncière, le plus souvent encore limitée de manière inéquitable aux seuls commerces physiques ; II) adopter un dispositif d’aide qui serait adapté à la réalité des TPE/PME pour les aider à faire face à l’envolée du prix de l’énergie ; III) ou bien encore veiller à ce que les règles d’urbanisme n’éjectent pas les commerces des centres-villes. Ces points constituent des priorités qui mériteraient un peu plus de volontarisme de la part de nos gouvernants s’ils étaient convaincus, comme nous le sommes, que les sociétés justes sont aussi des sociétés plus heureuses.

Surprenant, d’ailleurs, cet intérêt timoré quand on connaît les nombreux grands penseurs qui, à travers les siècles, ont su saisir les vertus politiques, diplomatiques, économiques et sociales du commerce. Montesquieu n’a-t-il pas écrit justement que « le commerce est la chose du monde la plus utile à l’État » ? Cette affirmation, Jean-Baptiste Colbert, premier ministre des Finances sous Louis XIV, ne l’aurait d’ailleurs pas reniée, lui pour qui le commerce servait à édifier la puissance de l’État.

Et, bien loin de ne se borner qu’à la seule dimension économique, le commerce contribue à la vie démocratique en instituant des espaces de rencontre facilitateurs de lien social. Rencontre, échange, partage, inclusion ou souvenirs, chacun y trouve son compte. Moi, je me souviens, enfant, accompagnant mon père aux courses rue des Martyrs, dans le 9e arrondissement de Paris : monsieur Martin, le boucher, qui me régalait de tranches de saucisson, madame Rolande, qui tenait la charcuterie et nous offrait des places pour le tournoi des Cinq Nations, Malik et son kiosque de presse qui nous gardait religieusement les journaux. Avec tous, mon père parlait de politique, de sport et de la vie en général. Le commerce, c’est la vie de quartier, et la vie de quartier, c’est la vie de la cité.

Olivier Urrutia, délégué général de la Fédération du Commerce et Associé.