L’édito d’Olivier Urrutia : « Agir en leader éclairé c’est savoir dépasser l’instant présent, pour voir plus clairement et de façon plus vaste, voir plus loin et plus juste. »

Publié le : 8 août 2025

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Shakespeare, Goethe, Hugo, Tolstoï, et même Spengler ou Platon, Xi Jinping s’est très tôt passionné pour la littérature occidentale. Outre un probable réel intérêt pour la littérature, le dirigeant chinois y voit surtout matière à mieux comprendre les ressorts cachés de l’Occident. Mais le général de Gaulle n’écrivait-il pas déjà dans "Le fil de l’épée" que « la véritable école du commandement est la culture générale » et « [qu’]au fond des victoires d'Alexandre, on retrouve toujours Aristote » ?

Retrouvez l’éditorial du Délégué général de la FCA dans Repères Flash, la revue de la FCA réservée à ses adhérents.

Selon un sondage récent OpinionWay, 61 % des chefs d’entreprise déclarent avoir été impactés par des tensions géopolitiques au cours des deux dernières années. Dans un monde réticulaire fait d’interdépendances, conflits internationaux, crise climatique, pandémies, cybermenaces, sanctions et restrictions commerciales ou innovations technologiques de rupture sont autant de facteurs qui affectent très directement et massivement la dynamique de l’entreprise. Les bouleversements actuels ne relèvent plus de crises conjoncturelles, mais de mutations structurelles. Face à l’ampleur et à l’accélération de ces mutations, les dirigeants se voient imposer le défi majeur de diriger dans l’incertitude afin de garantir la durabilité et la prospérité de l’entreprise. En somme, l’enjeu est non seulement de comprendre les intrications géopolitiques et leurs effets possibles mais de les intégrer stratégiquement dans la conduite de l’entreprise. Il y a 150 ans déjà, Emile de Girardin ne disait pas autre chose : « Gouverner, c’est prévoir, et rien ne prévoir, c’est courir à sa perte ». Si jusqu’alors la connaissance du monde n’a guère été aux avant-postes de l’entreprise, elle n’en est pas moins devenue une condition sine qua non de la bonne gouvernance.

À cette condition devenue essentielle pour le dirigeant, la connaissance de soi en est une autre à l’heure de convaincre, fédérer et emmener les autres derrière soi. Mais au-delà de sa capacité d’introspection, c’est de l’usage opportun qu’il en fait en corrélation avec les impératifs du contexte donné, que le dirigeant devient leader et bâtit son leadership. En effet, loin de se borner à des attributs dont certains seraient naturellement dotés, qualité de vision et qualité de relation, piliers de la fonction de dirigeant, forment un capital humain et un capital social qui se développent et se renforcent par l’effort et l’expérience. En somme, agir en leader éclairé c’est savoir dépasser l’instant présent, pour voir plus clairement et de façon plus vaste, voir plus loin et plus juste. C’est savoir agir de manière responsable dans un contexte mondial complexe où les entreprises sont des acteurs géopolitiques à part entière soumises à un champ de contraintes extérieures et au risque de la perte de sens, de valeurs et d’adaptabilité en interne.

Tout cela demande bien sûr du temps et des espaces d’échange et de réflexion privilégiés qui, pour être rares, n’en sont que plus précieux. C’est pourquoi, de l’art de diriger dans un monde en mutation(s) nous parlerons au Séminaire des Dirigeants les 18 et 19 novembre dans un cadre et autour d’un programme d’exception.