Un commerçant à Bercy. L’édito d’Olivier Urrutia.

Publié le : 18 novembre 2025

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De Martine Pinville à Olivia Grégoire, le commerce français a connu une bien étrange traversée du désert. Sans ministre de 2017 à 2022, ce secteur, pourtant vital pour l’économie et le quotidien des Français, a fini par faire les frais de volontés politiques erratiques, contradictoires ou tout bonnement absentes, condamné à n’être souvent plus que la variable d’ajustement d’autres secteurs plus et mieux aimés des pouvoirs publics. Impavide devant l’adversité, le commerce a donc continué de faire ce qu’il sait faire de mieux : avancer avec abnégation, sans jamais ménager ses efforts. Dans ce grand charivari que semble être devenu le pays, comment ne pas interpréter l’arrivée à Bercy d’un ancien commerçant indépendant vendéen devenu dirigeant d’une grande coopérative française, comme un heureux signe du destin venu récomp(a)nser tant de déconvenues par ailleurs ?

Retrouvez chaque mois l’édito d’Olivier Urrutia dans le magazine mensuel de la FCA : Repères Flash.

Alors que faut-il attendre de la nomination de Serge Papin au ministère des PME et du Commerce, au moment même où ce gouvernement évolue sur une ligne de crête, pris entre ambition de redressement des comptes publics, arbitrages délicats, nécessité de restaurer la confiance et la menace d’une censure de son budget qui équivaudrait sans doute à sa démission et à une possible dissolution ? Si même les optimistes semblent résignés au caractère éphémère de ce gouvernement, il est finalement assez remarquable de voir le ministre du Commerce afficher, pour sa part, la détermination de celui qui se sachant condamné ne tremble pas devant l’immensité de la tâche.

Fin connaisseur des rouages d’un secteur trop souvent relégué dans l’ombre des grandes politiques industrielles, sa présence à Bercy porte en elle une forme de promesse : celle de replacer le commerce — ce tissu vivant qui irrigue nos territoires, ce pilier de la vie sociale et culturelle — au cœur d’une vision stratégique plutôt que dans les marges administratives. Et c’est peut-être là que réside l’enjeu : dans la capacité d’un ministre au mandat incertain à engager des transformations durables. Qu’en pleine surenchère fiscale de l’Assemblée nationale, le souhait de la FCA de soutenir le pacte Dutreil et de l’étendre au salarié ait été relayé par le Ministre est en soi une excellente nouvelle en ce que les enjeux de transmission d’entreprise, en particulier pour les réseaux d’indépendants, sont enfin compris et traités avec l’ambition qu’il sied. Si des dizaines de milliers d’entreprises du commerce seront à transmettre ces prochaines années, il serait en effet opportun d’en accompagner le mouvement afin de préserver le maintien de l’activité, synonyme de contributions futures aux recettes fiscales et d’emploi notamment. Et l’adoption du projet de loi Simplification pour la vie des entreprises après deux longues années d’attente de ce qui était une promesse du gouvernement et un travail de concertation soutenu avec l’ensemble des parties prenantes, devra être tenue, sans quoi ce serait bien plus qu’une simple désillusion.

Mais à l’heure d’écrire ces quelques lignes, la situation demeure plus explosive que jamais et le sort du gouvernement suspendu à un fil. En tout cas, le très mauvais spectacle offert par les députés depuis plusieurs mois, parvient à l’insigne exploit d’unir le pays dans un même sentiment de consternation. Ce qui ressort, c’est qu’il faudra beaucoup de temps et d’efforts pour retisser une relation de confiance entre le politique et le citoyen tant celle-ci a été abîmée par le premier. C’est peut-être cela qui devrait nous inquiéter le plus : de la défiance naît rarement le meilleur.