
Retrouvez chaque mois l’édito d’Olivier Urrutia dans le magazine mensuel de la FCA : Repères Flash.
Si, a priori, l’excès de dette n’enrichit pas, on conviendra qu’il est toutefois difficile de « s’enrichir » sans s’endetter. En effet, s’endetter peut servir à alléger sa contrainte budgétaire et à investir dans des secteurs de relance économique tels que l’innovation ou les infrastructures par exemple. Car, finalement, lorsque la dette presse, ne vaut-il pas mieux parler de croissance sans laquelle la sortie de l’impasse semble largement compromise ? Les actions et discours anxiogènes ne sont que rarement propices à la sortie de crise, et moins encore dans un pays dans lequel le taux de dépression est deux fois supérieur à la moyenne européenne.
Calcul politicien ? Baroud d’honneur ? Fuite ? Sans doute un peu de tout cela à la fois.
Dès lors, comment interpréter le vote de confiance réclamé par le Premier ministre ? Car, si le dispositif par lequel un gouvernement sollicite l’appui du parlement est une démarche singulière des régimes construits sur le principe de la démocratie parlementaire, celle-ci n’est pas sans périls. Ce n’est pas pour rien que de nombreux chefs de gouvernement, et non des moindres, ont choisi de s’y soustraire, notamment Messmer, Pompidou, Barre, Rocard ou Bayrou lui-même qui, nommé en décembre 2024, avait contourné l’obstacle. Avant donc de mieux y revenir ce 8 septembre 2025 avec la promesse d’un désaveu cuisant et d’une aggravation de la crise politique aux conséquences néfastes pour la France. Hobbes ne disait-il pas, après tout, que le fondement du pouvoir était la peur ?
Calcul politicien ? Baroud d’honneur ? Fuite ? Sans doute un peu de tout cela à la fois. Toujours est-il que la stratégie du pire n’est pas à la hauteur des enjeux du pays, ni des attentes des citoyens. Et, dramatiser à l’excès une situation politique et économique dont on est en partie comptable semble relever d’un opportunisme de mauvais aloi. Mais c’est l’ensemble de la classe politique qui doit ici faire son examen de conscience. Or, c’est au spectacle des manœuvres politiques auxquelles décidément trop peu échappent que l’on assiste avec colère et inquiétude. Mais, paraît-il, comme l’écrivait l’Immortel Maurice Druon, qu’ « il n’y a d’hommes dignes d’exercer le pouvoir que s’ils ont assez de force d’âme pour le refuser ». Ceux-là se font décidément bien rares.
La voix des chefs d’entreprise est aujourd’hui plébiscitée pour davantage se faire entendre dans le débat public.
Mais, à qui perd gagne, et la voix des chefs d’entreprise, qui ont longtemps pâti en France d’une image contrastée dans l’opinion publique, est aujourd’hui, selon un sondage Odoxa, plébiscitée pour davantage se faire entendre dans le débat public. Le signe qu’ils jouissent d’une confiance bien plus importante que la classe politique, une confiance largement inspirée par leur esprit rationnel et pratique souvent éloigné des considérations idéologiques et des logiques partisanes. Il devient grand temps pour eux de prendre la parole, les Français les attendent.
Olivier Urrutia
Délégué général de la FCA
(1) Friedrich Nietzsche.