
Comment l’IA va-t-elle impacter l’activité de CB et le paiement par carte pour les commerçants ?
Philippe Laulanie : L’intelligence artificielle joue aujourd’hui un rôle clé dans la stratégie de CB, à la fois pour protéger le réseau et pour améliorer ses performances. Elle constitue un levier technologique majeur, notamment dans la lutte contre la fraude, domaine dans lequel CB affiche des résultats parmi les meilleurs au monde. Grâce à l’intégration d’algorithmes avancés, nous avons réduit significativement les risques de fraude, au point d’atteindre aujourd’hui un niveau trois fois inférieur, en moyenne, à celui des autres réseaux de paiement.
Sur le plan opérationnel, notre modèle d’IA en temps réel évalue chaque année plus de 1,5 milliard d’authentifications. Il analyse, en moins de 80 millisecondes, plus d’une centaine de variables pour détecter instantanément toute tentative suspecte. Cette technologie de pointe nous a permis de réduire la fraude de 15 % supplémentaires, tout en maintenant un niveau élevé de frictionless : les paiements restent fluides, sans compromettre la sécurité.
En complément, CB mobilise des algorithmes capables de traiter un milliard d’autorisations chaque mois. Ils détectent les signaux faibles indicateurs de fraude émergente, permettant ainsi une détection encore plus précoce et efficace. Ce dispositif a également permis de diviser par trois le temps de traitement des incidents, renforçant la réactivité et l’efficience de notre réseau.
La performance de ces outils repose en grande partie sur la richesse et le volume des données anonymisées que CB est capable d’analyser quotidiennement. En tant que leader du paiement en France, CB bénéficie d’un gisement de données unique, qui alimente et renforce en permanence la performance de ses algorithmes. Cette capacité nous permet de proposer à nos clients – commerçants comme établissements financiers – un niveau de service sans équivalent sur le marché.
L’ensemble de ces résultats démontre à quel point l’IA peut être un catalyseur d’innovation au service de la sécurité, de la fluidité et de la confiance. Mais cette technologie, par sa puissance, nécessite également une vigilance constante. C’est pourquoi CB continue d’investir massivement en R&D pour anticiper les menaces, faire évoluer ses modèles, et garantir une expérience de paiement toujours plus fluide et plus sécurisée.
Au-delà de la sécurité, l’intelligence artificielle ouvre également la voie à des innovations majeures en matière de performance transactionnelle. CB travaille notamment sur des technologies de smart routing pour améliorer les taux de réussite des paiements. Chaque année, ce sont près de 14,5 milliards de transactions qui sont analysées en temps réel pour identifier les sous-performances, telles que les baisses ponctuelles du taux de succès. Grâce à l’IA, nous sommes en mesure de détecter les causes de ces échecs – saturation des réseaux, anomalies techniques, indisponibilités ponctuelles chez certains acteurs – et de déclencher des alertes intelligentes qui permettent une intervention rapide. L’objectif : améliorer le taux de succès des transactions d’environ deux points, un gain significatif pour les commerçants comme pour les consommateurs.
« CB continue d’investir massivement en R&D pour anticiper les menaces, faire évoluer ses modèles et garantir une expérience de paiement toujours plus fluide et plus sécurisée. »
Quel avenir pour le paiement par carte, qui a supplanté les espèces mais cohabite désormais avec les virements instantanés Wero ?
P.L. : En 2024, un cap symbolique a été franchi : la carte bancaire est devenue le moyen de paiement le plus utilisé par les Français dans leurs achats du quotidien, devant les espèces. Elle représente désormais 48 % des transactions, contre 43 % pour les paiements en liquide. Le paiement mobile, en forte progression, pèse déjà 4 % des usages, très largement porté en France par la carte, intégrée aux smartphones.
Cette dynamique confirme la place centrale et durable de la carte dans l’écosystème des paiements. Elle s’impose comme un outil de confiance, simple, sécurisé et universel. À l’horizon 2030, CB anticipe une accélération continue, avec un objectif de 20 milliards de transactions annuelles – contre 15 milliards aujourd’hui – et un parc de près de 100 millions de cartes CB.
Mais l’avenir de la carte ne se résume pas à la croissance de son usage : elle devient une plateforme de services adaptée aux nouveaux besoins de la société et aux nouveaux parcours de consommation.
C’est le cas notamment de l’open payment, qui permet de valider directement son titre de transport avec sa carte ou son mobile, sans ticket ni inscription préalable. Déployé dans plusieurs réseaux de transport urbain, ce service modernise l’accès à la mobilité tout en simplifiant l’expérience utilisateur.
Autre illustration, la dématérialisation des Titres Spéciaux de Paiement (TSP) : titres-restaurant, titres-mobilité, chèques-cadeaux…
La carte évolue également vers une digitalisation complète, avec le développement des cartes virtuelles. Ces cartes, créées à la demande pour un usage ponctuel ou récurrent, sont intégrées aux portefeuilles numériques et permettent des paiements en ligne ou via mobile, avec un niveau de sécurité renforcé. Elles répondent aux enjeux de protection des données, de maîtrise des usages, et s’inscrivent pleinement dans l’évolution vers un environnement de paiement plus numérique et plus agile.
Dans ce contexte d’innovation continue, la France conserve une position de leader en Europe, avec 25 % de part de marché sur les paiements par carte et mobile. CB, en tant qu’acteur souverain, fédérateur de l’écosystème bancaire et commercial, porte une ambition claire : faire de la carte un outil toujours plus moderne, fiable, inclusif et adapté aux nouveaux usages.
Enfin, face à l’émergence d’autres moyens de paiement comme les virements instantanés – à l’image de Wero – CB adopte une approche totalement complémentaire. Ces solutions répondent à des cas d’usage spécifiques. Mais la carte, grâce à sa maturité, sa flexibilité et sa capacité d’innovation, restera encore de nombreuses années au cœur des paiements du quotidien, en point de vente comme en ligne.
La Présidente de la BCE, Christine Lagarde, a regretté l’insuffisance de la souveraineté européenne en matière de paiement. Est-ce que cela ouvre la voie à un soutien renforcé pour CB à l’échelle européenne ?
P.L. : Face à l’instabilité géopolitique et géoéconomique croissante, la question de la souveraineté dans les paiements s’impose comme un enjeu stratégique. Les propos de la Présidente de la BCE confirment ce diagnostic partagé : la maîtrise de nos infrastructures de paiement est une condition essentielle de résilience économique et de souveraineté nationale.
En France, cette prise de conscience s’est traduite très concrètement dès 2023, grâce notamment à l’alerte lancée par les commerçants eux-mêmes, à travers un manifeste clair et engagé. Ce document a mis en lumière les conséquences préoccupantes des pratiques tarifaires des réseaux internationaux : pression sur les marges, perte de compétitivité, affaiblissement du pouvoir d’achat. Il a eu un effet de déclencheur.
En réponse, les banques françaises ont pris leurs responsabilités en consolidant leur réseau domestique de paiement, CB, à travers un plan ambitieux au niveau domestique via le plan CB Dynamique 2026 et au niveau européen dans le soutien et la dynamique du projet EPI / Wero. Côté Carte, et pour la France, le plan CB Dynamique 2026 vise à reconquérir des parts de marché et à faire bénéficier les commerçants et les consommateurs des atouts incontestables d’un réseau souverain, ancré en France. Parmi ces atouts : des coûts maîtrisés – jusqu’à dix fois inférieurs à ceux des réseaux internationaux –, une sécurité renforcée avec un taux de fraude trois fois plus bas, et une gouvernance au service de l’intérêt général économique national.
Aujourd’hui, CB entre dans la troisième – et avant-dernière – année de ce plan, avec des résultats concrets : la part de marché de CB est repartie à la hausse, signe d’un véritable regain de confiance. Ce soutien du terrain a été renforcé en 2024 par celui des pouvoirs publics. La Banque de France, dans son plan Horizon 2030, a désigné CB comme un pilier stratégique pour renforcer la souveraineté nationale dans les paiements. Et lors du Sommet CB au Louvre, en mars 2025, le Président de la République a adressé à CB ses « plus vifs encouragements », saluant la mobilisation de l’ensemble de l’écosystème au service de la compétitivité et de l’indépendance de la France dans ce domaine sensible.
Là où certains expriment un besoin de souveraineté, la France agit. CB en est la preuve vivante : une infrastructure robuste, compétitive, au service de l’économie nationale. Avec notre nouveau logo aux couleurs Bleu Blanc Rouge illustrant territorialité et souveraineté, notre mandat est clair : continuer à proposer une alternative souveraine, performante et sécurisée, pour répondre au quotidien, aux attentes concrètes des commerçants et des consommateurs sur le territoire français.
CB, la pépite française qui éclipse Visa et MasterCard
Méconnu, CB (pour Cartes Bancaires) est un groupement d’intérêt économique qui a vu le jour en 1984 et réunit commerçants, industriels, banquiers et consommateurs. En France, plus de 65% des achats de consommation courante sont réglés grâce à son système de paiement. Le leader incontesté, loin devant ses challengers.