
Retrouvez chaque mois l’édito d’Olivier Urrutia dans le magazine mensuel de la FCA : Repères Flash.
Passer la nuit est souvent motif d’espoir tant il est vrai que celle-ci s’apparente à un voyage avec ses mystères et ses dangers. Sébastien Lecornu en a fait l’étrange expérience, lui qui, en quelques heures à peine d’une nuit cauchemardesque, est passé de potentiel pacificateur d’un pays à cran au statut peu enviable de Premier ministre le plus éphémère de l’histoire de la Ve République, et chef d’un gouvernement qui ne sera même jamais entré en fonction. Il est vrai que la composition de son gouvernement avait beaucoup de l’assemblage hétéroclite et ressemblait même, pour les passionnés de psychanalyse, à un acte manqué. Il faut dire que la mission confiée à Lecornu relevait de l’impossible : l’obligation de faire plaisir à tout le monde avec l’assurance de déplaire à tous.
Il devait y avoir rupture. C’est finalement cassure qu’il y a eu. Un socle commun qui, sous l’effet du retour de grands noms tombés en disgrâce jusque dans leurs propres camps, hurle à la trahison et menace de rompre ; une représentation nationale empéguée dans des querelles picrocholines ; un président de la République sourd et aveugle à la tragédie nationale qui se joue devant lui et dont il est pourtant le principal responsable ; une dette publique qui explose ; la polarisation politique et la radicalisation du débat public qui menacent la cohésion sociale. La France est tout bonnement au bord de la crise de nerfs… et de la crise de régime. Car il devient de moins en moins sûr que 2027 suffise à soigner tous les maux qui affligent le pays.
Fort heureusement, les entreprises françaises, pourtant en proie à d’innombrables difficultés, font preuve d’un remarquable sens des responsabilités dans leur participation souvent pondérée, et dans une certaine mesure apartisane, à un débat public massivement considéré par les Français comme manipulé, conflictuel et discrédité par ses protagonistes traditionnels ; politiques et médias en premier lieu. Les entreprises, au-delà d’être écoutées, doivent désormais être entendues.
Reste que redresser la France passe pour la classe politique par sa capacité à retisser un imaginaire populaire commun. Autrement dit, à retrouver le goût d’appartenir à quelque chose de plus grand qu’elle. Pour cela, il faut beaucoup de qualité humaine et, d’abord, de l’humilité et de la grandeur d’âme.